(MondeAfrique) Depuis son arrestation en octobre dernier, Sylvia Bongo Ondimba Valentin, épouse de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, et son fils, Noureddin Bongo Valentin, ont été victimes présumées de sévices inhumains et dégradants au Gabon. Les récentes déclarations de leur avocat, François Zimeray, révèlent un tableau troublant de détention abusive et de torture.
François Zimeray, avocat renommé et ancien ambassadeur de France pour les droits de l’Homme, a exposé à l’A.F.P. des allégations troublantes de mauvais traitements envers Sylvia Bongo Ondimba Valentin et son fils Noureddin. Selon Me Zimeray, Sylvia aurait été contrainte à des douches forcées à l’eau glacée dans le but de la contraindre à signer des documents, tandis que Noureddin aurait subi des actes de torture, y compris des électrochocs au Taser et des passages à tabac. Ces révélations ont secoué les cercles juridiques et politiques au Gabon et à l’étranger.
Purge anti-Sylvia
La situation est d’autant plus préoccupante que Sylvia et Noureddin Bongo n’ont toujours pas été présentés à un juge, plusieurs semaines après leur arrestation, soulevant des inquiétudes quant à une ingérence politique dans le processus judiciaire. De plus, ils ont été privés de leur droit fondamental à un avocat, malgré les efforts de Me Zimeray pour les représenter.
François Zimeray a vigoureusement dénoncé ces abus, insistant sur le fait que la justice ne doit pas être utilisée comme un outil de vengeance politique. Il a souligné que même si des irrégularités ont été signalées sous le régime précédent d’Ali Bongo, cela ne justifie en aucun cas les traitements inhumains infligés à Sylvia et Noureddin.Reine déchue Sylvia Bongo, était devenue – rappelons le – la nouvelle régente du Gabon après l’AVC d’Ali Bongo à Ryad en octobre 2018. Du temps de sa splendeur elle avait écarté des proches de son président de mari et avait placé son fils Nourredine Bongo au cœur du pouvoir du Gabon. Sylvia Bongo, n’avait pas hésité à envoyer en prison dans les conditions les plus dures ses anciens soutiens perçus désormais comme des « rivaux » de son fils Nourredine Bongo. Un fils qui avait déjà constitué son « équipe » et qui se faisait appeller la « Young team » caractérisée par une prédation qui n’avait d’égale que son arrogance… La famille Bongo a été au centre d’une crise politique majeure en 2016, lorsque qu’Ali Bongo a organisé une sanglante répression post électorale pour se maintenir au pouvoir face à son adversaire Jean ping. En effet, la Garde Républicaine avait massacré les partisans de Jean Ping réunis dans son quartier général de campagne le 31 aout 2016.
Ali Bongo innocent!
Mais lors de l’élection présidentielle de 2023 et alors qu’Ali Bongo avait été déclaré « élu » à 3 heures du matin, la même Garde Républicaine avait perpétré un coup d’Etat avant de porter son commandant en chef Brice Oligui Nguema à la tête du Gabon. Bien que placé en résidence surveillée au début du coup d’État, Ali Bongo a été rapidement disculpé par les militaires, qui ont suggéré qu’il avait été manipulé par sa famille après avoir été victime d’un AVC en 2018. Les militaires avaient annoncés qu’Ali Bongo avait été « mis à la retraite » et qu’il jouissait de tous les privilèges inhérents à son statut d’ancien chef d’Etat. Sa femme et son fils ainé avaient quant à eux été arrêtés pour divers faits notamment pour « blanchiment de capitaux et faux et usage de faux »…
La torture encore et toujours
La torture est allègrement pratiquée au Gabon, notamment sur les opposants politiques. Elle est la marque de fabrique d’un pouvoir qui a finit en bon monstre froid par dévorer ses anciens dirigeants : Sylvia Bongo l’ancienne « Reine du Gabon » et Nourredine Bongo le « prince héritier d’un Royaume du Gabon ». Ce royaume, voulu par Omar Bongo dans les années 1980 mais vécu dans les faits par lui et son fils Ali Bongo et sur lequel Nourredine Bongo était destiné à régner, sans partage, grâce à la Garde Républicaine (G.R.) créée dans ce sens il y tout juste 60 ans.
Source : MondeAfrique