Selon la nouvelle constitution, le président du Conseil des ministres (nouvelle appellation du premier ministre), détient quasiment tous les pouvoirs de l’exécutif et reçoit l’allégeance de l’armée, alors que le président de la République, n’occupe qu’un titre honorifique désormais.
La cinquième république togolaise est désormais entrée en vigueur à la suite de l’élection de Faure Gnassingbé et Jean Lucien Savi de Tové respectivement au poste de Président du Conseil des ministres et Président de la République togolaise par les députés et sénateurs réunis en congrès.
Prévue par la nouvelle constitution du 6 mai 2024, cette cinquième république consacre l’avènement d’un régime parlementaire en lieu et place du régime présidentiel jusque-là en vigueur au Togo depuis l’indépendance du pays en 1960.
Après une transition d’un an qui a permis l’installation d’un sénat, les parlementaires réunis en congrès ont élu le président du conseil des ministres et le nouveau Président de la République.
L’opposition et la société civile dénoncent ”un crime contre le peuple”
Alors que le parti au pouvoir se réjouit de l’élection de l’ancien ministre qualifié ”d’opposant modéré, qui a longtemps incarné le dialogue et la réconciliation au sein du paysage politique national”, l’opposition quant à elle et la société civile dénoncent un ”crime commis contre le peuple togolais”.
“Les parlementaires ainsi que les membres de la Cour Constitutionnelle qui ont participé au crime commis ce jour contre le peuple togolais, en validant le choix d’un Président du Conseil des ministres tout puissant bien que non élu par le peuple, en élisant un Président de la République à la place du peuple souverain, et en recevant le serment des nouveaux responsables illégitimes, seront tenus pour responsables devant l’Histoire. Ils auront trahi la souveraineté du peuple togolais” ont dénoncé plusieurs partis et organisations de la société civile dans une déclaration liminaire au cours d’un rassemblement politique dans la capitale togolaise.
Deux figures emblématiques de l’opposition, Jean Pierre Fabre, ex-chef de fil de l’opposition togolaise, Président de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC) et Me Paul Dodzi Apevon (leader des Forces démocratiques pour la République (FDR), tous deux députés à l’Assemblée nationale, ont boycotté la session du parlement en guise de protestation contre la nouvelle constitution du 06 mai 2024.
Désormais détenteur de tous les pouvoirs en tant que Président du Conseil des ministres, Faure Gnassingbé qui occupera cette fonction tant que son parti disposera de la majorité au parlement, a déjà passé 20 ans au pouvoir en tant que président de la République de 2005 à 2025. Le président de la République, lui, est élu par le parlement pour un mandat de 4 ans renouvelable une seule fois.
La nouvelle réforme constitutionnelle instaurant la cinquième république est perçue par certains observateurs comme une volonté pour le désormais Président du Conseil des ministres de se maintenir au pouvoir, malgré le changement de régime politique.
Qui est Jean-Lucien Savi de Tové, cet opposant togolais nommé président de la République
Agé de 86 ans, Jean Lucien Savi de Tové a été élu nouveau président du Togo après la nomination de Faure Gnassingbé au poste de Président du Conseil des ministres samedi 03 mai 2025.
Seul candidat proposé par l’Union pour la République (UNIR), le parti au pouvoir au Togo, Jean Lucien Savi de Tové a été élu à l’unanimité par les 150 membres du congrès, réunissant députés et sénateurs au cours d’une session spéciale.
Homme politique togolais, cet opposant fut ancien ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat dans les gouvernements d’Edem Kodjo et de Yawovi Agboyibo de 2005 à 2007. Il a également occupé le poste de secrétaire général du ministère des affaires étrangères après le coup d’Etat qui a porté au pouvoir Gnassingbé Eyadéma en 1967.
Accusé d’avoir fomenté un coup d’État avec d’autres personnalités politiques, dont Gilchrist Olympio, il fut condamné en août 1979 avec quatre autres personnes à dix ans de prison.
Parcours politique
Après l’ouverture au multipartisme au Togo dans les années 90, il fonde le Parti des Démocrates pour l’Unité (PDU). En mars 1993, la coalition de l’opposition le propose comme Premier ministre lors d’une réunion à Cotonou, au Bénin, mais le Président Eyadéma rejette la proposition et nomme Joseph Kokou Koffigoh.
Aux élections législatives de 1994, Jean Lucien Savi de Tové se présente en candidat indépendant à la députation, sans succès.
Cinq ans plus tard, en 1999, il est nommé premier vice-président de la Convergence Patriotique Panafricaine, (CPP) une formation née de la fusion des principaux partis politiques de l’opposition à savoir l’UFC ( Union des Forces du Changement) de Gilchrist Olympio, l’UTD (Union togolaise pour la Démocratie) d’Edem Kodjo et l’UDS ( Union pour la Démocratie et la Solidarité.
En mai 2009, il est nommé président du Cadre permanent de dialogue et de concertation (CPDC). Depuis le 3 mai 2025, il est le premier président de la République sous la Cinquième République nouvellement instaurée.